Contexte et projet
Pour répondre aux obligations de la directive cadre sur l’eau et de ses directives filles, les états membres sont notamment tenus d’évaluer l’état chimique des masses d’eau de surface. Dans ce cadre, certaines normes de qualité environnementales (NQE) ont été fixées au niveau des biotes (poissons, invertébrés), et la révision de la directive NQE a engendré une augmentation du nombre de ces NQE biotes (Directive 2013/39/UE). Face aux incertitudes liées à l’utilisation de ces organismes en monitoring (variations liées à l’âge, à l’espèce, au sexe, au temps de séjour dans la masse d’eau, au métabolisme, absence du biote dans certaines masses d’eau, etc.), certains états membres prônent par ailleurs l’utilisation d’échantillonneurs passifs dont le déploiement est mieux maîtrisé (durée d’exposition, emplacement fixe, surface exposée, etc.). Ils permettent un échantillonnage à moindre coût, la détection et la quantification des composés à des concentrations ultratraces, et la comparaison des données de différentes stations. La nouvelle directive NQE encourage d’ailleurs la poursuite de leur développement.
Le projet Moerman « Biotes » a débuté en 2013 avec pour objectif principal de développer le monitoring des masses d’eau de surface sur la matrice « biotes » et de développer, d’évaluer et le cas échéant de valider l’utilisation des échantillonneurs passifs comme alternative possible à la matrice « biotes ». De plus, un volet consacré au développement de techniques d’encagement d’invertébrés est également prévu dans le cadre de ce projet. L’encagement pourrait constituer une méthode alternative au prélèvement d’organismes, notamment au niveau des sites ou les espèces recherchées sont absentes.
Résultats
Au cours de la première année du projet, les espèces de biotes les plus pertinentes ont été sélectionnées et une stratégie d’échantillonnage a été mise au point. Quatre espèces de poissons ainsi que des invertébrés aquatiques (crustacés et mollusques) ont été sélectionnés pour réaliser des analyses de micropolluants. Les contaminants ciblés sont le mercure, l’hexachlorobenzène et l’hexachlorobutadiène ainsi que les hydrocarbures aromatiques polycycliques (benzo-a-pyrene et fluoranthène), substances pour lesquelles une NQE est disponible dans la matrice « biotes ».
La mise au point des analyses dans cette matrice particulière est actuellement en cours. Au cours de l’année 2013, des prélèvements ont été effectués au niveau de plusieurs stations, principalement choisies au sein du réseau de surveillance de la DCE en Région wallonne, afin d’obtenir un échantillonnage suffisant pour permettre ces mises au point. L’échantillonnage est réalisé en collaboration avec le DEMNA lors des pêches annuelles de recensement et avec l’Université de Liège. En effet, un accord avec la région wallonne, rédigé sous forme d’un contrat de type Service Level Agreement (SLA), concernant les modalités de collaboration entre l’ISSeP, la DGO3 dont le DEMNA ainsi que les résultats obtenus a pris cours. De plus, une convention de partenariat avec l’ULg pour la réalisation de pêches complémentaires a été signée.
D’autre part, la phase expérimentale relative au biomonitoring actif est actuellement en cours de mise au point avant de démarrer les expériences de terrain. Celles-ci concernent le choix de l’organisme à encager (dans un premier temps, l’encagement de Gammarus pulex sera envisagé),le choix du type de cage, les sites où encager (site(s) de référence et sites pollués pour réaliser des essais), le système d’acclimatation des organismes en laboratoire, ainsi qu’un certain nombre de modalités complémentaires telles que la taille des organismes, la quantité d’organismes par cage, le nombre de cages par site, la nourriture à fournir, les paramètres physico-chimiques optimaux, … La mise au point des méthodes d’encagement est prévue pour 2014.
Dans ce cadre, un Drafting group européen destiné à mettre en œuvre les programmes de surveillance dans les biotes et auquel l’ISSeP a participé a été organisé. Le traitement et l’expression des données qui en découlent en vue d’évaluer leur conformité par rapport aux normes de qualité environnementales dans les biotes y sont également discutés. La publication de la version finale de ce « Supplementary guidance for the implementation of EQSbiota » est prévue en septembre 2014. Une première réunion a été organisée en septembre 2013 à Londres afin d’organiser la rédaction. Deux réunions supplémentaires destinées à assurer le suivi de la rédaction seront organisées en janvier 2014 à Paris et en mai 2014 à Amsterdam. Une contribution sera apportée par la rédaction du chapitre concernant les bonnes pratiques d’encagement d’organismes aquatiques.
Enfin, une étude bibliographique est actuellement en cours afin de déterminer quels types d’échantillonneurs passifs pourraient être utilisés dans le cadre de ce projet.