Hypersensibilité aux champs électromagnétiques : résultats de l’étude ENVI-EHS

Certaines personnes souffrent de problèmes de santé qu’elles attribuent aux champs électromagnétiques (CEM). On parle couramment d’électrohypersensibilité (EHS). Il s’agit d’un syndrome dans lequel les personnes qui en sont affectées rapportent des symptômes qu’elles attribuent à leur exposition à une étendue d’ondes qui va des champs statiques jusqu’à la fin de la gamme des radiofréquences (champs générés par les installations électriques, la téléphonie mobile —GSM et antennes-relais, le Wi-Fi, etc.). Ces symptômes sont variés, et non spécifiques : migraines, acouphènes, fatigue, rougeurs cutanées, difficultés de concentration ou de mémorisation, … Et ils demeurent encore médicalement inexpliqués.
En décembre 2020, l’Institut Scientifique de Service Public (ISSeP) lançait, en partenariat avec Sciensano, un appel à volontaires pour participer à une étude visant à améliorer les connaissances sur les liens possibles entre l’exposition aux champs électromagnétiques et les symptômes de l’électrosensibilité. L’un des aspects innovants de cette étude a été l’utilisation d’un protocole de test co-créé avec des personnes se déclarant hypersensibles aux champs électromagnétiques. Le projet, auquel 102 volontaires ont participé dans un laboratoire spécialement dédié (dans le cadre du plan wallon environnement-santé ENVIeS qui vise à étudier et limiter les risques environnementaux sur la santé humaine), est maintenant terminé.
Afin d’évaluer le rôle des CEM dans le syndrome d’EHS, l’instrument privilégié est l’expérimentation par des tests de provocation. Ceux-ci consistent à exposer aux CEM, de manière volontaire, des personnes EHS en double aveugle. C’est-à-dire que ni les participants, ni les chercheurs ne savent si les CEM sont effectivement générés ou pas.
Le protocole, qui comporte une part d’adaptation aux spécificités de certaines personnes testées (par exemple : diminution du temps d’exposition pour celles et ceux qui se plaignent de symptômes trop invalidants, de migraines, de fatigue,etc), incluait différentes mesures telles que la perception de l’exposition, la verbalisation de symptômes, l’observation des comportements, des tests cognitifs et la mesure de paramètres physiologiques. Un bouton pause permettait de suspendre l’exposition (ON ou OFF) à tout moment. En exposition ON, les volontaires étaient exposés à un cocktail de signaux réels afin d’être aussi proche que possible des expositions rencontrées dans la vie quotidienne.

Au total, 47 personnes EHS, dont 14 se posant la question de leur sensibilité (appelées « EHS ? ») ont été incluses dans l’étude et ont participé à la session d’habituation. Dans ce groupe, 27 volontaires ont participé au moins à la première session (dont 8 « EHS ? »), 26 ont pris part à au moins trois sessions (dont sept « EHS ? ») et 16 ont été présentes à l’ensemble des douze sessions (dont 3 « EHS ? ») autorisant ainsi une analyse de leurs résultats individuels.

Dans le cadre des analyses effectuées, les volontaires EHS devaient signaler, pendant les sessions, s‘ils percevaient être exposées aux champs électromagnétiques et également s’ils ressentaient une différence de symptômes.

RESULTATS

En conclusion, l’étude ENVI-EHS n’a pas permis de montrer une association entre le statut de l’exposition (ON ou OFF) et les perceptions des volontaires ou le signalement de symptôme. Aucun des 16 volontaires « EHS » et « ESH ? » qui ont participé aux 12 sessions n’ont perçu les expositions ON et OFF de manière cohérente.

MEILLEURE PRISE EN CHARGE MEDICALE DES PERSONNES EHS

Face à la souffrance des personnes EHS, la voie de la limitation de l’exposition ne semble pas résoudre de manière pérenne les difficultés et entraînent ces personnes dans des spirales d’évitement de l’exposition, potentiellement dommageables tant d’un point de vue social que professionnel. Une prise en charge symptomatologique mériterait d’être explorée. Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) pourraient hypothétiquement faire partie des outils thérapeutiques, mais d’autres stratégies devraient également être testées comme par exemple la revalidation cardiaque qui a montré notamment son efficacité pour la prise en charge des patients post-Covid.

Nous retenons par ailleurs la demande, formulée lors des ateliers de restitution des résultats, d’informer le monde médical des travaux en cours. Même si le lien entre les symptômes et les champs électromagnétique n’est pas confirmé par cette étude et qu’il n’existe actuellement pas d’outil diagnostic validé de l’EHS, les personnes demandent à ce que leurs souffrances soient prises en compte.