Lancement de la première campagne de biosurveillance humaine en Wallonie
Les Wallons sont-ils plus fortement exposés aux perturbateurs endocriniens qu’ailleurs en Europe ? Quel est le taux d’exposition à des polluants plus anciens rencontrés dans l’environnement? Y-a-t-il des zones géographiques plus sensibles que d’autres ? C’est pour répondre à ce type de questions que l’Institut Scientifique de Service Public a été mandaté pour lancer le premier programme de biosurveillance humaine en Wallonie (biomonitoring). Concrètement, le recrutement de 900 volontaires est en cours et sera terminé d’ici mars. C’est un nouvel outil essentiel au bénéfice de l’Environnement et de la Santé des Wallons.
De manière anonyme, 900 Wallon.ne.s sont actuellement recruté.e.s pour donner des échantillons de sang et d’urine permettant de mesurer les niveaux d’imprégnation à une série de substances chimiques présentes dans l’air intérieur et extérieur, l’alimentation, les emballages ou les produits de la vie courante. Il s’agit de substances polluantes et chimiques, émergentes ou plus anciennes:
– certains perturbateurs endocriniens comme le bisphénol A et ses alternatives présentes, notamment dans les matières plastiques des emballages.
– certains pesticides utilisés actuellement (comme le glyphosate)
– des substances utilisées il y a plusieurs années (comme le DDT).
– d’autres substances comme les métaux ou les POP (Polluants Persistants Organiques)
A ce jour, près de 200 personnes dont plus d’une cinquantaine de nouveau-nés et environ 150 ados et adultes ont déjà été recrutés et participent à cette première étude de grande ampleur en Wallonie. Fin mars, l’échantillonnage de 900 personnes devrait être terminé. Dans cette phase de lancement, la campagne de biosurveillance humaine (biomonitoring) cible 3 catégories : les nouveau-nés, les ados (12 -19 ans) et les jeunes adultes (20-39 ans).
Les premiers résultats sont attendus dans les deux ans.
Les données anonymisées obtenues via la biosurveillance humaine vont permettre d’évaluer l’imprégnation des Wallon.ne.s en substances préoccupantes pour la santé et la nécessité de mettre en œuvre des mesures de prévention particulières.
Cette biosurveillance humaine permettra dans le même temps:
– de connaître les concentrations de référence spécifiques de la population wallonne ;
– de déterminer si certaines classes d’âge sont plus exposées ;
– de déterminer si l’imprégnation est la même pour les deux sexes ;
– de déterminer l’influence du type de lieu de résidence (urbain/rural/ agricole/industriel) ;
– de déterminer si l’exposition des Wallon.ne.s aux substances est similaire ou différente de l’exposition dans les autres pays (européens) de niveau socioéconomique similaire ;
Céline Tellier, Ministre wallonne de l’Environnement se réjouit de la concrétisation de ce nouvel outil : « Un budget d’un million d’euros a été débloqué pour cette campagne de biosurveillance humaine. Cela va nous permettre d’objectiver l’exposition de la population la plus vulnérable comme les bébés à certains polluants notamment les perturbateurs endocriniens et les pesticides. J’appelle tous les partenaires contactés par l’ISSEP à participer activement à cette étude.»
En effet, le public ne peut pas poser sa candidature spontanément : afin de pouvoir couvrir toute la Wallonie et de pouvoir cibler les bonnes catégories de candidats, ce sont des organismes relais qui sont sélectionnés puis directement contactés par lISSeP (écoles, maternités, centres de formation en promotion sociale, clubs, associations, mouvements de jeunesse, entités publiques…).
Cette étude de biosurveillance des Wallons est réalisée en partenariat avec les laboratoires du Service hospitalo-universitaire de Toxicologie clinique, médico-légale, de l’environnement et en entreprise du CHU-Liège et du Louvain Centre for Toxicology and Applied Pharmacology (LTAP) de l’Université Catholique de Louvain (UCL).
« Grâce au travail en cours, nous disposerons d’ici peu de la première étude wallonne sur la santé environnementale des personnes. Nous pourrons ainsi déterminer les niveaux d’imprégnation de la population aux substances chimiques présentes dans l’environnement et prendre d’éventuelles mesures de santé publique, notamment en matière de prévention et protection », précise Christie Morreale, Ministre wallonne de la Santé.
Le projet de biosurveillance humaine (biomonitoring) fait partie du Plan ENVIeS 2019-2023 (Plan Environnement-Santé wallon) adopté par le Gouvernement Wallon et qui a pour ambition d’étudier et limiter les risques environnementaux sur la santé humaine au moyen de 79 actions concrètes. Les premiers résultats de cette première campagne de biosurveillance humaine sont attendus d’ici deux ans.
Pour en savoir plus: https://www.issep.be/biomonitoring/